À LA BELLE, À LA FRAÎCHE
Expression consacrée, claironnée par les poissonniers dans les rues de la ville de Concarneau en Bretagne, afin d’annoncer l’arrivée de la sardine « belle et fraîche », tout droit sortie des filets.
Ces deux mots utilisés dans le langage courant afin de désigner « la beauté » des femmes de nos jours sont ambivalents. Ils sont ici employés pour parler de poissons frais.
Ma collection est une collection pour femmes, inspirée de ma propre maison de famille, située dans cette même ville bretonne. S’y adjoint la personnalité déjantée d’une femme que j’admire, chère à mon cœur : ma grand-mère.
Construite dans les années 1970, cette demeure arbore un style kitsch et chargé. Elle est ornée majoritairement de couleurs vives et féminines telles que le rose, le violet, le beige, le bleu, associées à des tapisseries florales ainsi qu’à des ornementations dorées, du bling et du shine. C’est le style d’une grand-mère déjantée, conservatrice qui aime les volants, les froufrous, le plastique, le girly, mais qui, paradoxalement, exerce encore à l’âge de soixante-quinze ans le métier de poissonnière.
Cette collection est le reflet du style too much, tant de la personne qu’est mamie que de la maison dans laquelle elle vit. Chaque tenue est la réincarnation d’une pièce de cette maison : le salon, la salle de bains rose, la salle de bains bleue, la chambre, le couloir… Elle est composée de matériaux bruts comme la serpillière, alliée à du sac poubelle donnant l’effet d’un simili cuir cheap, orné de finitions dorées en accord avec le mobilier. Le tout est associé à des motifs floraux en harmonie avec les tapisseries de cette demeure.
Mamie aime la déco, aime le girly, mamie aime ce qui est ancien, mais a du mal avec le nouveau. Mamie garde tout, car on ne sait jamais, cela pourrait peut-être servir un jour. Le gros problème de mamie est qu’elle ne possède pas de juste milieu. Tout est trop, partout. L’abondance est le mot-clé, car, oui, mamie est négligée la moitié de l’année, mais attention, mamie sait être élégante quand l’occasion se présente. Et lorsque c’est le cas, attention, elle fait ça en « grande pompe ».
À ma grand-mère, à cette maison dont la beauté s’était, pendant un long moment, arrêtée de rayonner.
Name given and shooted by the fishmongers in the streets of the city of Concarneau in Brittany to announce the arrival of the «beautiful and fresh» sardines straight out of the nets. The ambivalence of two words used in everyday language to define «the beauty» of women today, are here used to speak of fresh fish.
My collection is a women’s collection, inspired both by my own family home which is also located in the same Breton city and the crazy personality of a woman whom I admire and cherish with all my heart: my Grandmother. Built in the 70s, the kitsch and overloaded house is composed mainly of bright and feminine colours such as pink, purple, beige, blue. There are floral tapestries as well as gold ornamentation, bling and shiny objects everywhere. It is the style of a crazy, conservative grandmother who loves ruffles, frills, plastic, girly stuff, but paradoxically still practises the profession of fishmonger at the age of 75.
This collection reflects the eccentric style of both my Grandmother and the house in which she lives. Each outfit is the reincarnation of a room in her home: “The living room, the pink bathroom, the blue bathroom, the bedroom, the corridor …” It is composed of raw materials such as mops, combined with garbage bags that are made to look like pleather. Pieces are decorated with gold finishes like the furniture and paired with floral motifs that hint at the home’s tapestries.
Grandma loves decorating, loves girly things, Grandma loves what’s old but has trouble with the new, Grandma keeps everything because you never know it might be useful one day. The big problem of Granny is that she has no middle ground. Everything is too much; abundance is the keyword because, yes, Granny doesn’t pay much attention to her looks most of the time, but she knows how to be elegant when the opportunity presents itself.
To my Grandmother, to this house whose beauty has long stopped shining.
