IL EST 2HEURES ET 14 MINUTES

« Un soir de printemps dans une ville française. L’année 2019. En pleine phase de sommeil profond. Mon rythme cardiaque et respiratoire diminue, ma température corporelle aussi. Ma conscience est inactive. Il est 2 heures et 14 minutes quand, dans un demi-sommeil, j’aperçois une silhouette méconnaissable. Il est 2 heures et 18 minutes, mes doigts sont moites, je ressens des douleurs au thorax. Les objets de la pièce sont étranges. Le lieu même, de la façon la plus étrange du monde, s’est transformé, en un instant et par le fait de l’apparition, en une solitude absolue. Il est 2 heures et 20 minutes. La sensation de ce jour-là me revient toute entière. C’est comme si tout le reste de la scène eût été frappé de mort. Pendant une indicible minute, l’heure exquise n’a plus de voix. Mais il n’y a point d’autre changement dans la nature, à moins que ce n’en soit un de voir, comme je vois maintenant, avec une si étrange netteté. » Il est 2 heures et 14 minutes retranscrit, sous forme de bijoux et de sacs, le souvenir d’une crise de somnambulisme. Tout autour de moi était reconnaissable, mais déformé. Une silhouette se dessinait dans ma chambre avec un regard pesant sur moi. Au bout de quelques minutes, j’éclairais la pièce, la personne n’était plus là et s’était transformée en un chapeau et une veste, posés sur un portant. Les objets eux avaient repris leur forme normale. Cette collection est un mélange entre la fiction et la réalité. Les formes m’ont été inspirées par ces troublantes minutes d’hallucination d’une effroyable nuit. Tous les objets, matières ou silhouette que vous pensez reconnaître en ces pièces ne sont qu’illusions. Le coupe-ongle abandonné la veille sur le sol est figé et s’entremêle à un tote bag beige qui mute. Mon clutch en velours est écrasé par une empreinte de doigts inconnue. La même que j’aperçois sur mon miroir de poche tombé de mes vêtements quand je me suis déshabillée la veille. Une carafe à whisky s’est incrustée dans le fond d’un de mes sacs en cuir.

“A spring evening in a French city in 2019. In the middle of a deep sleep. My heart rate and breathing rate are decreasing, my body temperature too. My consciousness is inactive. It is 2 o’clock and 14 minutes when in a half-sleep I see an unrecognisable figure. It is 2 o’clock and 18 minutes, my fingers are sweaty, I feel pain in my chest. The objects in the room are strange. The place itself, in the strangest way, has been transformed, in an instant and because of the apparition, into absolute solitude. It is 2 o’clock and 20 minutes. The feeling of that day comes back to me. It is as if everything else in the scene had been struck dead. For an indescribable minute, the exquisite hour had no voice. But there was no other change in nature, unless it be one of seeing, as I now see, with such strange vividness.”

It is 2 o’clock and 14 minutes transposes to pieces of jewellery and bags the memory of a sleepwalking attack. Everything around me was recognisable but distorted. A figure loomed in my room with a heavy gaze upon me. After a few minutes I lit up the room, the person was no longer there and had turned into a hat and a jacket on a rack. The objects had returned to their normal shape. This collection is a mix between fiction and reality. The shapes were inspired by those disturbing minutes of hallucination during a frightening night. All the objects, materials or silhouettes that you think you recognise in these pieces are only illusions. The nail clippers left on the floor the night before are fixed and intertwine with a mutating beige tote bag. My velvet clutch is crushed by an unknown fingerprint. The same one I saw on my pocket mirror that fell out of my clothes while undressing the day before. A whisky decanter has become embedded in the bottom of one of my leather bags.

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© Simon Valenti

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